Ernest Fielding, jeune écrivain ambitieux, est fasciné par Reginald
Clarke, comme le furent avant lui le peintre Ethel Brandenbourg et Abel Felton,
jeune garçon talentueux. Mais alors que ceux-ci ne sont plus que l'ombre
d'eux-mêmes, le génie de Reginald Clarke brille plus que jamais
sur New York et domine le monde artistique et culturel de ce début de
20ème siècle. Tout admiratif qu'il est, Fielding n'en est pas
moins extrêmement surpris quand il entend Clarke lire sa nouvelle pièce
de théâtre qui est exactement celle qu'il a mentalement écrit.
Avec l'aide d'Ethel Brandenbourg, le jeune écrivain comprend peu à
peu que Clarke appartient à cette sorte de vampires que l'on dit psychiques
: il peut absorber l'énergie créatrice d'autrui.
Ce texte de 1907 trouve ici sa première traduction française grâce
à l'heureuse initiative de Jean Marigny, notre grand spécialiste
ès vampires. Non seulement il fait date en matière de vampires
psychiques (thème relativement peu abordé en littérature
comme au cinéma), mais il se lit de plus avec plaisir, même s'il
peut paraître daté sur certains points (la grandiloquence du ton,
les relations amoureuses entre les personnages
). L'angoisse du jeune Fielding
n'en est pas moins poignante et crédible car Viereck sait manier les
accents du doute et les arcannes de la peur. Ses tentatives désespérées
pour retrouver son intégrité intellectuelle et sauver son ami
ont le charme envoûtant des causes perdues d'avance, auxquelles on croit
pourtant. Une lecture agréable fleurant bon le passé et le maléfice.
La maison du vampire, George Sylvester Viereck, traduit de l'anglais (américain) par Jean Marigny, La Clef d'Argent, novembre 2003, 123 pages, 15 euros
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